mercredi 11 octobre 2023

Pourquoi des écrivains ou même des gens ordinaires éprouvent-ils le besoin d’évoquer leurs propres souvenirs ?

 

Pourquoi des écrivains ou même des gens ordinaires éprouvent-ils le besoin d’évoquer leurs propres souvenirs ?

 

 

De nombreux écrivains ou même des gens ordinaires, à un moment donné de leur vie se penchent sur leur passé pour faire le récit de certains de leurs souvenirs, en l’occurrence les plus marquants. Pourquoi donc écrire ses propres souvenirs ? Quelle motivation se dissimule derrière un tel acte ?

Raconter son passé, faire le récit de ses propres souvenirs pour toute personne qui tâte de la plume ne procède ni du luxe, ni de caprice. Bien des raisons très profondes poussent, en effet, à le faire.

 

On écrit d’abord pour trouver un certain réconfort vis-à-vis d’un présent qui se fait ingrat et devient ainsi difficile à supporter. Le retour au passé, notamment quand il est heureux, peut donc avoir un effet lénifiant. Son écriture peut avoir l’effet d’un baume capable  d’apaiser l’intensité de la douleur du présent. On écrit aussi pour purger son âme de tout ce qu’il la trouble, car l’écriture est un lieu de liberté et d’intimité où l’on peut exprimer ce que la parole ne permet pas. L’écriture des souvenirs apparaît  alors comme une catharsis ou, si l’on préfère, une thérapie. C’est le cas des Confessions de Jean Jacques Rousseau où il évoque tous ses errements de jeunesse. Mais on écrit encore pour témoigner de sa propre expérience de la vie, témoigner de tout une époque et de tout un contexte aussi, où mémoire individuelle et mémoire collective se recoupent et se conjuguent. De surcroît, on écrit pour conjurer et vaincre l’angoisse de la mort. L’écriture des souvenirs, qui est un retour à l’enfance et à la jeunesse, symboles de fraîcheur et de vigueur, procède quelque part d’une quête profonde d’immortalité. André Malraux a bien souligné cette fonction métaphysique de l’écriture en parlant de l’art en général, disant ceci « L’art est un antidestin ». Sans oublier, enfin, qu’on écrit pour faire le bilan de sa propre vie, s’auto-évaluer. Ici, l’expérience de l’écriture acquiert la valeur d’un exercice spirituel à travers lequel la réflexion subjective sur soi devient une réflexion plus large, donc universelle. C’est l’exemple notamment des Essais de Montaigne qui sont en véritable exercice du genre.

 

Quête d’une certaine réconciliation avec le présent, purgation  de l’âme, témoignage, conjuration de l’angoisse de la mort et auto-évaluation, telles sont alors les principales motivations consciente ou inconsciente qui poussent l’individu à coucher sur le papier ses propres souvenirs.

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