La modernité a vu le jour grâce à l’industrialisation due aux inventions des machines devenues la force motrice de l’économie. Avec cette ère toutes les conceptions et les théories convergent vers une même cible une même finalité: forcer la technologie pour améliorer la production et la productivité. Il en ressort que tous les efforts et toutes les capacités sont orientés vers la réalisation du maximum possible de gain. Cette nouvelle conception de la vie économique a eu des répercussions sur le niveau social. L’homme s’est vu contraint de suivre le nouveau mode de vie qu’impose la modernité. Chacun veut soit contribuer de sa part dans la modernisation de la société soit prendre une part du progrès en entrant en possession de biens matériels censés lui apporter une nouvelle forme de satisfaction et de bonheur.
La libération des forces productives semble alors être le postulat et le mot d’ordre du modernisme. Un principe qui sera accompagné par tout un cortège de nouvelles valeurs à l’image du » chacun pour soi » « la fin justifie les moyens » » laisse le faire, laisse le passer » … d’un côté et de l’autre l’appel à la tolérance, l’ouverture sur l’autre, dialogue, démocratie, liberté, égalité, acculturation et récemment la mondialisation qui est considérée comme étant le grand portail de l’engagement d’un véritable dialogue entre les cultures et les civilisations.
Ce passage vers la modernité fut suite à un accouchement prématuré et douloureux, métaphoriquement parlant, car il a mis maintes fois et maintes sociétés devant un dilemme inéluctable: s’enfermer sur soi et s’attacher à son héritage, à sa culture et à ses racines ou profiter du progrès pour avoir accès aux confort et à la prospérité.
Ce nouveau concept » modernité » a suscité une grande polémique dont les antagonistes sont d’un côté les conservateurs et de l’autre les innovateurs qui sont les adeptes du modernisme. Ces derniers amplifient les avantages et les exploits du progrès. Ils adoptent une vision trop optimiste puisque soit ils s’aveuglent sur les inconvénients de la vie à l’occidentale soit ils les minimisent. Pour les ténors de l’autre tendance » les conservateurs » ils valorisent le passé et parlent d’un attachement quasi-sacré aux racines par respect et révérence aux ancêtres. Pour eux l’occidentalisation de la société est conçue comme une trahison ou une aliénation. Pour soutenir leur opinion ils énumèrent les répercussions néfastes de la modernisation et du changement radical et subite du mode de vie sur la destinée de la société. Ils citent surtout les difficultés auxquelles l’homme moderne doit faire face pour s’assurer un statut social respectable et un niveau de vie satisfaisant. Ils ressortent d’une façon quasiment répétitive des désavantages comme la pollution sonore, le réchauffement de la planète, l’amincissement de la couche d’ozone, les perturbations du cycle biologique, les déséquilibres climatiques, et tout ce qui ces désavantages ont comme répercussions.
En effet, l’évocation de ces défauts liés à la modernisation ne doit pas nous faire oublier ce que celle-ci a rapporté à l’homme de faveurs. Nous qui vivons cette ère nous devons être reconnaissants à ce système qui nous a permis de jouir du confort, du développement des transports: ferroviaires, aérien et maritime, de l’apparition de nouveaux matériaux: le béton, l’acier et le verre, d’un système de vaccination qui a réduit le taux de mortalité et a amélioré l’espérance de vie (la moyenne de longévité a dépassé 60 ans), d’une communication plus rapide et plus vive: téléphone, portable, Internet…En outre la modernité a ses empreintes sur l’apparition de nouvelles lois qui garantissent à l’homme une vie dans la dignité: 8 heures de travail par jour, un congé annuel rémunéré, un congé de maternité( dans certains pays même le mari peut bénéficier de ce droit) , interdiction du travail des enfants, des allocations familiales, une pension de retraite, une assurance sociale, l’enseignement n’est plus un privilège mais un droit fondamental, une assistance sanitaire, les recherches scientifiques multiplient les inventions sur le niveau médical et industriel…
Avec cette nouvelle vague sont apparues de nouvelles conduites, de nouvelles valeurs, n’est-il pas dit » autre temps, autres mœurs ». Selon des critiques, de nos jours, le matérialisme prime sur n’importe quelle autre valeur. Ils expliquent ceci par l’apparition d’une autre pièce maîtresse dans notre quotidien et c’est l’argent qui anoblit, qui ennoblit, qui embellit et agrandit. Ainsi, l’accumulation des richesses est devenue une obsession sinon un rêve ou une rêverie pour les frustrés; tout se focalise autour du désir de possession que seul l’argent peut contribuer à son épanouissement. Cette nouvelle venue à l’arène du contemporain a stimulé l’inspiration des écrivains et des maximes se sont affichées: » l’argent ne fait pas le bonheur » » l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître » » si l’argent ne fait pas le bonheur rendez-le » … Donc le modernisme va en parallèle avec le matérialisme qui s’exprime à travers la publicité, la manipulation du public par les médias, la surexploitation de l’image…
Modernité et littérature: comme toute activité humaine la littérature s’est elle aussi inclinée devant cette déesse redoutable et vénérée: la modernité. C’est ainsi que l’adjectif moderne deviendra le qualificatif de différentes activités littéraires qui ont rompu avec les règles traditionnelles. C’est avec la fin du XIX que cette tendance va manifester ses ambitions. Ses adeptes pour se défendre avancent la thèse que la littérature n’est pas une activité figée, immuable et fixe puisqu’elle s’inspire de faits sociaux en perpétuel changement et mouvement et par conséquent elle doit ajuster son langage selon les exigences de la modernité si elle veut répondre aux aspirations de son public. C’est au XX que va se développer ce courant qui donnera le jour sur le plan poétique au vers libre, à la prose poétique, au refus de la ponctuation, des rimes, des rythmes, de mètre, de formes fixes.. La poésie moderne veut être plus proche du lecteur c’est pourquoi elle lui décrit le monde tel qu’il est habitué à le voir en employant des termes faciles et des constructions moins recherchées: on pourrait citer l’exemple de Jacques Prévert, d’Apollinaire, de Paul Eluard…Sur le niveau romanesque, le livre veut imiter l’éparpillement dans lequel vit la société contemporaine, traduire ses doutes avec le nouveau roman.
En somme, que soit sur le plan social ou littéraire, la modernité balance entre l’approbation des uns et le refus des autres car elle est l’otage de la tenaille des avantages et des inconvénients. Toutefois, une existence tournée vers le futur doit d’abord être inaugurée par un passage doux vers le monde moderne dont l’appel est persistant et urgent. Alors vivons notre époque si nous voulons vivre heureux.
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